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19 novembre 2013

Fukushima, le mois de tous les dangers

Fukushima, le mois de tous les dangers

Tepco avait fixé au 15 novembre la sortie de la piscine du réacteur N°4 des 1533 assemblages, neufs ou usagés, opération particulièrement complexe.

Il s’agit en effet de conjuguer plusieurs facteurs qui compliquent énormément la tâche : sortir de la piscine dévastée, perchée à 30 mètres au-dessus du sol, remplie de différents éléments d’aciers qui sont tombés lors de l’explosion, gérer la sortie de la piscine des barres d’assemblages, dont certaines sont manifestement brisées, et le tout sans que jamais ces éléments se retrouvent à l’air libre.

On comprend mieux l’inquiétude des scientifiques du monde entier, car si l’opération se soldait par un échec, il y aurait un énorme dégagement de radioactivité, qui se propagerait bien au-delà des frontières du Japon. vidéo

C’est ce que martèle depuis avril 2012 l’ex diplomate japonais, Akio Matsumura, affirmant qu’il s’agit d’un danger au-delà de tout ce qu’on a connu (lien) ce que confirmait le professeur Koichi Kitazawa, évoquant que le pire pourrait advenir qui menacerait la survie du Japon. lien

Jacky Magne qui a vécu de longues années au Japon est inquiète à juste titre, et assure qu’au Japon, la population n’est pas tenue au courant du risque que cette opération va lui faire courir.

Personne ne sait à ce jour combien de temps prendra cette délicate opération : 1 an, 2 ans, plus ? …et il est difficile de l’estimer car cela n’a jamais été tentée dans le monde.

Tepco mise sur un délai d’un an pour l’enlèvement de tous ces assemblages, mais d’après Murray Jennex, professeur à l’université de San Diego, et expert en confinement nucléaire, estime : « ce sera probablement plus long que ce qu’ils pensent, et ils vont probablement rencontrer des problèmes », d’autant que l’exploitant avait préalablement imaginé que l’opération demanderait au moins deux ans. lien

Chacun des 1533 assemblages, qui pèsent en moyenne 172 kg et mesurent environ 4 mètres, doivent être dégagés de leurs compartiments, afin d’être placés dans un container cylindrique de 100 tonnes, puis évacués, les uns après les autres, en direction d’une autre piscine posée sur le sol.

Il resterait donc 1331 assemblages de combustible usé, et 202 assemblages neufs, et si habituellement cette opération se fait sous contrôle d’ordinateurs, devant se dérouler au millimètre près, elle prendrait normalement environ 3 mois, mais cette fois-ci, il n’y a pas d’ordinateurs, et pour cause, la centrale ayant été dévastée lors des différentes explosions, même si Tepco assure que la grue de levage serait contrôlée à distance, et serait informatisée, sauf que dans la situation actuelle un contrôle manuel de la grue lors de l’accrochage des assemblages sera essentiel.

La technique qui va être utilisée consiste à loger dans un cylindre de 5,5 mètres de long et de 2,1 m de diamètre, 22 « grappes » de combustible, en les maintenant hors de contact avec l’air, puis en les déposant dans une autre piscine située à une centaine de mètres du réacteur n°4.

C’est le 18 novembre, à 12h30, que le premier cylindre métallique a été plongé dans l’eau de la piscine, et l’exploitant assure qu’il faudra une semaine pour mener à bien cette première extraction, choisissant de commencer par extraire les assemblages neufs. lien

6 ingénieurs équipés de caméras sous marine vérifieront qu’il n’y ait pas, lors de chaque transfert, la présence de débris métalliques, ou de béton. lien

Mission délicate car l’on sait les taux élevés de radioactivité qui se dégagent du lieu, et ils ne pourront pas prolonger indéfiniment leur présence sans prendre un risque pour leur santé, malgré les 3 paires de gants, les combinaisons, et autres accessoires de protection.

Il s’agit donc de manipuler 400 tonnes de combustible irradiés, et si l’opération se passait mal, il faut savoir que le contenu de cette piscine représente l’équivalent de 14 000 fois la radioactivité libérée lors de l’explosion d’Hiroshima.

C’est en tout cas ce qu’estime Hiroaki Koide, professeur à l’institut de recherche sur les réacteurs à l’université de Kyoto, en se basant sur la quantité de césium 137 qui pourrait être relâché par les assemblages de la piscine en cas d’accident. lien

Or le risque est grand qu’un assemblage se rompe s’il se coince, ou s’approche trop près d’un autre assemblage, comme l’affirment Mycle Schneider et Antony Froggat, tous deux experts en matière nucléaire, et qui ont déclaré dans leur récent rapport : «  la libération dans l’atmosphère de toute la radioactivité contenue dans la piscine du n°4 pourrait provoquer de loin la plus grave catastrophe que le monde ait jamais connu à ce jour  ».

Tepco avait déjà procédé à l’enlèvement de 2 assemblages neufs lors d’une opération de test, mais ces assemblages neufs représentent moins de danger que les autres. lien

Signalons aussi que dans cette piscine se trouvent au moins 3 assemblages endommagés, et que leur extraction posera donc encore plus de problèmes. lien

Or auparavant, il y avait au dessus de cette piscine un pont roulant, lequel permettait de plonger ou d’extraire ces assemblages en toute sécurité, mais les différentes explosions qui ont frappé la centrale ont rendu ce pont roulant inutilisable, d’autant que des parties de celui-ci sont tombées dans la piscine.

Ajoutons que les renforts de structure réalisés par l’entreprise nucléaire afin de parer à de nouveaux tremblements de terre ne sont pas totalement de nature à rassurer.

Tepco a garanti la stabilité de la piscine si le bâtiment était secoué verticalement, mais a admis que des secousses qui agirait horizontalement ne permettrait pas au bâtiment de résister.

Actuellement, une couverture souple a été placée au dessus de cette piscine, et elle devra être bien sur enlevée pour permettre à la grue de secours d’entreprendre l’extraction des barres.

De plus, cette piscine souffre de défauts d’étanchéité, fuites que Tepco avait d’ailleurs confirmé dès les premiers jours qui ont suivi la catastrophe.

Ajoutons pour compléter le tableau que l’eau de mer ajoutée dans la piscine a naturellement augmenté la salinité de celle-ci, provocant probablement plus de corrosion sur les assemblages de combustible, d’autant que des petits morceaux de béton ont été repérés dans les assemblages. lien

Le fait que le personnel qui va s’attacher à cette délicate tâche ne soit pas réellement qualifié n’arrange rien, d’autant que l’importante radioactivité qui se dégage ne permet pas de rester trop longtemps sur place, et que le personnel qualifié a déjà atteint la dose maximale admissible, ne pouvant donc pas intervenir sur le site.

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Le vrai risque est évidemment le décrochage d’un assemblage, et que celui ça retombe dans la piscine de désactivation, ou que ces assemblages se retrouvent à l’air libre, provocant la montée en chaleur, et faisant craindre un risque de criticité.

Comme chacun sait, ce risque est celui de déclencher une réaction en chaîne de fission incontrôlée. lien

C’est ce que confirme l’expert Arnie Gundersen expliquant : « il existe un risque de criticité involontaire si des faisceaux se tordent et s’approchent trop près les uns des autres (…) le problème avec une criticité de la piscine de refroidissement est qu’on ne peut la stopper, puisqu’il n’y a évidemment pas de barres de contrôle pour la gérer. Le système de refroidissement de la piscine n’est conçu que pour enlever la chaleur de désintégration, non celle d’une réaction nucléaire en cours », confirmant que « les barres sont vulnérables aussi à un incendie si elles sont exposées à l’air ».

Or si ce risque est connu et peut être limité dans le cas d’une situation classique, on ne voit pas bien comment il pourrait être combattu avec succès dans la situation actuelle que connait Fukushima. lien

Outre l’état délabré de toute la centrale, il ne faut pas oublier qu’il y a encore dans la zone une autre piscine qui contient elle aussi des assemblages radioactifs, et qu’un problème survenant dans la piscine du n°4 pourrait se propager jusqu’à l’autre piscine avec les conséquences que l’on imagine.

Alors bien sur Tepco affirme « nous sommes en train d’étudier les risques et les contre-mesures  », mais quelle crédibilité donner à un exploitant qui n’a cessé de donner des informations mensongères ou incomplètes ?

Pourtant, il n’y a rien d’autre à faire que de tenter cette délicate opération… espérant que tout se passera bien.

On s’interroge pourtant sur l’aspect de l’aide internationale maintes fois souhaitée par les experts du monde entier et sur la réaction du Japon, actionnaire majoritaire, qui fait oui de la tête, mais qui pourtant ne l’avalise pas. lien

Pourtant, Yusutero Yamada, un ingénieur à la retraite a demandé, lors d’une tournée aux USA, une intervention internationale de toute urgence, espérant que soit retiré à Tepco la gestion de la catastrophe. lien

C’est une grosse responsabilité prise par le gouvernement, car si le pire scénario se réalisait, il aurait à rendre des comptes à la justice internationale. lien

Il n’y a donc plus qu’à espérer que tout se passe bien, car comme dit mon vieil ami africain : « un homme qui se noie cherche à s’agripper même à une paille de riz ».

 

« L’image illustrant l’article vient de « laradioactivité.com »

Merci aux internautes de leur aide précieuse

Olivier Cabanel

L’observatoire du nucléaire est menacé, pour le soutenir, ici

Sites à visiter :

Le blog de Fukushima

Fukushima Diary

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